Lettre ouverte au CNARED: Une plateforme sans âme à réformer

Lettre ouverte au CNARED

Une plateforme sans âme à réformer

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À la veille de chaque consultation organisée par le Bureau de la facilitation, le CNARED criaille et cacabe. En réalité, cette plateforme n’a pas tort de s’indigner contre l’organisation de sessions baisées mais il faut savoir garder raison et faire une introspection devant ces échecs répétés.

D’une manière effective, le rôle du CNARED n’est pas d’accompagner « moutonnement » la dynamique société civile sur les dossiers des graves violations des droits de l’homme.  Quoiqu’il arrive, le mandat du CNARED n’est pas d’attendre patiemment que le Facilitateur Mkapa les invite à Arusha pour présenter, à chaque fois, les mêmes défaillances techniques graves de la Facilitation.

Evidemment, la mission du CNARED est de représenter le peuple silencieux, les réfugiés désorientés et la diaspora indignée. Car, le CNARED  est  un outil politique pour mettre fin à la tyrannie du régime de Nkurunziza. Bien entendu, un tel rassemblement présente d’immenses difficultés techniques et d’énormes difficultés politiques.  Mais, depuis le début nous voyons tous que cet outil ne fonctionne pas.  Ça crève les yeux.

De fait, qu’est-ce que ou qui est-ce que le CNARED représente sur l’échiquier politique ou social ? A titre d’exemple, quelle est la force de pénétration du Bureau exécutif du CNARED au niveau national, dans les camps de réfugiés ou dans la diaspora ? Ces questions dérangent.

  • Qui est-ce que Monsieur Nditije Charles (président du CNARED) représente? Une faction d’une aile de l’Uprona. Dans son camp, on retrouve quelques personnes membres de l’Uprona en exil.
  • Qui est-ce que Monsieur Mugwengezo Chauvineau (vice-président du CNARED) représente ? Une aile de l’UPD dont il est probablement le seul membre effectif. Dans son camp, on retrouve deux membres de la diaspora : un pasteur (imam) musulman et un animateur radio.
  • Qui est-ce que Monsieur Nduwimana Onésime (vice-président du CNARED) représente ? Une aile du CNDD-FDD qui s’appelle désormais PPD. Dans son camp, on retrouve des frondeurs. Combien sont-ils encore ?
  • Qui est-ce que Monsieur Niyonkuru Anicet (secrétaire exécutif du CNARED) représente ? Un parti politique composé uniquement de 2 personnes.

Hormis quelques partis réellement actifs au Burundi, dans la sous-région et dans la diaspora, le CNARED est un rassemblement d’acteurs politiques qui trouvent qu’il est encore indispensable de mentir pour siéger au sein du directoire du CNARED. Ainsi pour assurer leur survie politique, les membres du CNARED ont établi des règles de gestion de cet outil sur une base entièrement erronée. Miné par son incapacité congénitale à mettre en avant le caractère symbolique de la réconciliation nationale, le CNARED est une représentation de groupes ou de factions de groupes dont la reconnaissance légitime pose un droit au sens juridique, du moins au sens moral du terme. Le même fonctionnement est encore possible sur de bonnes bases.

IMG_20171126_203646Autrement, ce système de pseudo partis politiques ou de factions créés sans base et sans structure est un leurre bien entretenu qui perpétue la nyakurisation (la création des ailes au sein) des partis politiques déjà démembrés dans le CNARED. Ce dogmatisme des partis politiques provoque la cristallisation de l’action politique et oriente le dénouement de la crise politique. Ce mythe d’une représentation uniquement des partis politiques (même à 0,0001%) dans le CNARED empêche l’émergence de nouvelles figures et celle d’un véritable leader en son sein, voire d’une alternative politique portée par des forces idéologiques claires et crédibles pour que la déconstruction du rapport de force actuel soit elle-même engagée.

De ce point de vue, c’est une lutte pernicieuse entre acteurs politiques en déclin sur une base de calculs électoraux hypothétiques. Malheureusement, le Burundi est encore très loin d’une échéance électorale transparente et équitable. Bien que la politique soit par essence conflictuelle, la prévoyance et l’intelligence des situations (le conclave) seraient de décomposer et de transformer le directoire. Quelques soient les difficultés rencontrées le CNARED ne doit pas être confisqué par des hommes qui se croient être des hommes providentiels sous prétexte d’une expérience politique plus ou moins glorieuse.

Naturellement, s’ils étaient vraiment responsables, les membres du directoire du CNARED auraient déjà fait le constat de leur impuissance. S’ils étaient vraiment responsables, les membres du directoire du CNARED feraient de la refondation du CNARED leur grande priorité afin de doter l’opposition d’une «machine politique» efficace qui permette d’enraciner la résistance politique. Car, nous voyons tous que cet outil ne parvient pas à produire le résultat escompté. Et, lorsqu’un outil ne produit rien de bon, on le réforme.

L’objectif de la restauration d’un Etat de Droit dont le socle est l’Accord d’Arusha existe bien avant la création du CNARED. Ces valeurs fondatrices d’un Burundi réconcilié existeront même sans le CNARED. Alors, c’est le moment de mettre nos différences et nos divergences au service du Peuple qui souffre tant de ce désastre politico-sécuritaire et socio-économique. C’est le moment plus que jamais de parler d’un rassemblement qui exigera des sacrifices. C’est le moment de transformer l’âme du CNARED pour définitivement exploiter l’idéologie du CNARED.

Au final, le plus important et ce qu’attendent le peuple silencieux, les réfugiés en colère et la diaspora indignée : c’est une résistance politique efficace pour mettre fin à cette situation invivable.

Vive le Burundi !

Les indignés Rundi

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